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Le karaoké est culturel, social et éducatif
Apparu au Japon au milieu des années 80, phénomène de mode au début des années 90 en Belgique, le karaoké (littéralement en japonais : "orchestration sans voix de soliste") est devenu une activité culturelle à part entière, un véritable laboratoire de relations sociales et de convivialité. C'est ce qui ressort d'une étude réalisée par Alain Anciaux, anthropologue à l'ULB, après avoir rendu plus de 500 visites à une septantaine de karaokés pendant plus d'un an. Les gros chouchous des amateurs sont Lara Fabian, Johnny Halliday et Gilbert Montagné.
Selon Alain Anciaux, le karaoké permet de communiquer, de se réaliser, d'entrer dans la peau d'un personnage et de se confronter aux autres. "C'est une activité intergénérationnelle, interculturelle et intercommunautaire puisqu'elle permet de connaître la culture de l'autre Communauté au travers des chansons flamandes". Le karaoké a également une application sociale et éducative. Notamment utilisé dans les écoles par les professeurs de néerlandais et de français, ou encore dans des hôpitaux français et suisses, pour des activités de valorisation et de socialisation auprès des enfants. Aux Etats-Unis et à Singapour, il est utilisé pour permettre aux hémiplégiques de faire des exercices de respiration.
Seulement 10% des gens qui fréquentent les karaokés y chantent. En fait, il y a 3 types de publics : les habitués qui ont souvent leur vedette ou chanson de préférence ; les karaokeurs occasionnels ; et ceux qui viennent uniquement pour écouter. "Ces derniers s'y rendent pour l'ambiance et car ils considèrent l'endroit beaucoup plus sécurisé que les discothèques", a expliqué l'auteur.
La télé-réalité et ses émissions telles que "Star Academy" et "A la Recherche de la Nouvelle Star" ont inévitablement engendré une hausse de la fréquentation des établissements à karaoké, au nombre de 300 en Belgique francophone, a-t-il souligné. En outre, la langue des chansons interprétées est liée à l'immigration puisqu'à Liège et Charleroi, par exemple, on interprète beaucoup plus de chansons en italien, a constaté Alain Anciaux en précisant qu'à Bruxelles, un établissement propose des chansons en 18 langues...